TECHNIQUES AU FIL DES SAISONS
Lorsque les beaux jours se succèdent et que la
température incite les abeilles à s’ébrouer, c’est alors que le
danger guette. Les réserves déjà bien entamées depuis octobre peuvent
venir à manquer. Donner un oeuf pour avoir un boeuf?
Celui-ci se présente sous forme de blocs de 2,5 Kg emballé dans une poche plastique. Il suffit
de faire un trou de 16 Cm2 au milieu d’une face et de retourner ce bloc
que l’on déposera sur le tapis couvre cadres (ou les lattes). On fera
joindre le trou central ouvert du couvre cadres avec celui fait sur le
bloc de sucre candi. Mais il y a un inconvénient!
En effet si l'effectif des ruches n’est pas étroitement surveillé au
début du mois de Mai, alors l’essaimage peut se produire: 50 % des
abeilles et la «vieille reine» quitte la ruche. Cela fait d’autant
moins d’ailes pour la récolte du nectar et le remplissage des corps
de hausses.
Le fond de chaque ruche est déboîté pour être
raclé. On en profite pour évaluer la force de la ruche.
L'essaimage est à attendre une dizaine de jours après un brusque changement de température. Les essaims sortent toujours entre 11h30 et 14 heures. Il existe une relation entre la pluviomètrie du mois de février et le nombre d'essaims de l'année. Je mets en place des ruches vides (dégageant une forte odeur de propolis) et des ruchettes (plus faciles à manipuler) dans un rayon de 200 mètres du rucher. Je place ces habitations dans des endroits ombragés (sous un toit ou un arbuste) en orientant le trou d’envol vers l’est. On peut enduire la planche d’envol et l’intérieur de la ruche avec du parfum d’Aristé ou des phéromones afin d’attirer les éclaireuses. L'abeille un vieux saule, La boussole un pôle, Moi la vérité" Victor Hugo Comment récupérer les essaims?
Malheureusement, il faut quelques fois récupérer les essaims dans les
arbres ou les bâtisses: Truc et astuce! Je place une ardoise devant le trou d’envol de la ruche nouvellement colonisé. Cet obstacle disposé obliquement doit laisser passer les butineuses tout en obligeant chacune à se réorienter avant de partir à l’aventure. Si cette précaution n’est pas prise, ces butineuses rejoindront l’emplacement de récolte de l’essaim. Elles seront incapables de retrouver leur groupe. Cela peut remettre en cause la survie de la colonie même si de nouvelles butineuses rentreront en fonction.
En montagne, au début du mois de Mai, il faut surveiller l’effectif de chaque colonie et l’état de mise en réserve. Dès que les 4/5 des cadres sont emplis de miel operculé et que la totalité des cadres sont couverts d’abeilles, je décide d’enlever le tapis couvre cadre et je place une hausse. Celle-ci est composée de 10 demi cadres. Il est bien de racler le dessus des cadres du corps de ruche avant de placer la hausse. Cela favorisera le déplacement des abeilles intendantes. La ruche fait la «barbe»!
Lorsque la ruche fait la «barbe» (conséquence d’un groupe trop dense
qui souffre de la chaleur et du manque d’espace), je mets en place
rapidement une hausse (qui peut-être surnuméraire). Cela n’est pas
exécuté dans le cas où l’on veut produire des essaims.
Je récolte les derniers essaims et dispose les corps de hausses là où cette opération s’impose.
Je décide de récolter fin juillet/début Août
dans les meilleures conditions possibles: beau temps pas trop chaud ni
orageux. Eviter de récolter en période de disette, par exemple juste
après les fenaisons ou pendant une sécheresse
prolongée. Dans ce cas les ouvrières inoccupées seront plus agressives.
Les jours de pleine lune sont paraît-il à éviter. " A coeur vaillant, rien d'impossible"
La récolte est une opération longue et pénible si elle est abondante. On fait fumer du tabac aux abeilles!
On commence par enfumer la ruche par le trou d’envol. Dans l'enfumoir,
on peut brûler du carton enroulé et du tabac. Celui-ci augmentera
l'effet sédatif de la fumée. On enfume le
corps de hausse et on referme pendant une minute afin que les abeilles se
gorgent de miel (réflexe de survie) et deviennent ainsi plus lourdes donc
moins agressives. On découvre la hausse au fur et à mesure de l’extraction
des demi cadres. Après avoir soulevé le demi-cadre, on débarrasse
celui-ci des abeilles qu’il porte à l’aide d’une brosse à poils
longs et doux ou l’on frappe brutalement le sommet de la hausse (très
efficace mais pouvant agiter le groupe). Le demi-cadre garni de miel est
disposé rapidement dans la caisse de récolte que l’on referme
aussitôt. On n’hésite pas à renouveler l’enfumage dès que le
groupe s’agite et émet un bruit caractéristique d’une attaque
éminente. Abandonner les hausses pendant une heure ou deux (par exemple pendant le repas de midi) afin que les quelques abeilles récupérées lors de la récolte cherchent à s’échapper. On ouvrira furtivement la porte du local pour faciliter cette purge. "Il faut battre le fer pendant qu'il est chaud" On procède ensuite à la désoperculation avec un couteau adapté à cette fonction. Un couteau dentelé utilisé comme une scie fera très bien l’affaire. S’il fait chaud et que l’on n’a pas trop attendu avant cette opération, il n’est pas nécessaire de tremper le couteau dans de l’eau chaude. Une griffe permettra de finir le travail dans les coins et les dépressions. Si le demi-cadre est fourni, on procédera à une première centrifugation avant la désoperculation de la deuxième face. Cela évitera la destruction des alvéoles par la force centrifuge. Pour l'extraction: mets de l'huile...de coude! L’extracteur doit-être disposé sur une surface plane et bétonnée. L’idéal est de visser les pieds au sol pour limiter les vibrations pouvant endommager le matériel. On répartira au mieux les cadres dans l’appareil pour équilibrer la charge. Avant de retourner les cadres, on effectuera une rotation dans l’autre sens pour améliorer l’extraction. L’inclinaison des alvéoles justifie cette opération. Dans le cas ou les hausses sont garnies de miellat cristallisé, il est inutile d’insister. L’extraction sera impossible. Et après l'extraction?
Les demi-cadres vides sont replacé dans le corps de hausse. Je dispose
ceux-ci à l’air libre, à proximité du rucher pendant quelques jours
afin que les abeilles lèchent le miel résiduel et que la cire sèche.
Cette opération évite les problèmes de moisissures hivernales. Elle
présente toutefois des inconvénients: risques de contaminations
croisées et excitation des abeilles. Si le temps est lourd et les fleurs
rares alors on peut provoquer un pillage généralisé. On peut stocker
directement ces hausses dans de vieux congélateurs fermés contenant
quelques boules antimites. On évite ainsi les attaques de papillons dont
les larves se nourrissent de cire. Il faut savoir que ce produit
contaminant la cire (le dichlorobenzène) est cancérigène lorsqu’il
est ingéré. "Tout vient à point à qui sait attendre!"
Ceci permettra l’évaporation d’un éventuel excès d’eau qui
nuirait à la conservation. De plus les particules de cire vont remonter
à la surface à cause de la différence de densité.
Je nourris les abeilles avec du sirop (mélange d’eau et de sucre que l’on chauffe pour faciliter la dissolution). On mettra 6 litres d’eau pour 10 Kg de sucre. On peut rajouter un peu de sel!? La quantité à apporter dépendra de la force de la colonie et de l’état des réserves dans le corps de la ruche. Elle peut varier de 2 litres à 6 litres. Attention aux races allemandes dont les colonies sont souvent très fortes qui ont des besoins supérieurs. Eviter le nourrissage tardif qui stoppera la ponte précocement. La densité de population sera alors insuffisante pour affronter les rigueurs de l’hiver. De plus, si la ruche ne meurt pas pendant l’hiver, son démarrage printanier sera plus laborieux. C'est l'ouverture de la chasse contre le varroa! En même temps il faut installer des bandes de traitement contre le varroa (acarien parasite des abeilles). Le traitement dure 8 semaines et il faut le répéter au printemps. Mais son efficacité est discutée. Il serait même à l’origine de la mort prématurée de la reine. De plus la matière «active» peut contaminer le miel récolté en particulier si l’on procède à un traitement printanier. Les effets de ce produit sur la santé humaine ne sont évidemment pas connus. Je préfère donc me limiter à un seul traitement automnal! "La fin justifie les moyens?" Dans certains cas, on traite avec des produits destinés aux bovins dont la concentration en matière active (identique) est beaucoup plus élevée. Cela coûte moins cher mais encore une fois on aurait oublié que le miel se mange! L’agriculture biologique propose des produits à base d’essences de thymol. Ceux-ci sont déjà utilisés en Italie et sont à l’essai en France.
Pour les ruches qui me semblent faibles, je place un bloc de sucre candi sur la grappe (voir nourrissage de printemps). Cette opération doit se faire sans déranger la colonie et par temps doux. Elle peut être répétée pendant l'hiver en période de redoux. Je dispose plusieurs couches de papier journal sur le corps de la ruche et je limite l’ouverture du trou d’envol. Les courants d’air et l’entrée de rongeurs sont prévenus. L’obturation des trous grillagés destinés à la ventilation est discutée car les abeilles craignent plus l’humidité que le froid. J’incline légèrement vers l’avant les ruches en les calant. Cela permettra d’évacuer l’humidité produite par condensation.
Je place une ardoise inclinée
devant le trou d’envol afin d’éviter le réveil de la colonie au
moindre rayon de soleil.
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