TECHNIQUES AU FIL DES SAISONS

 

Février: on se réveille!
     
Avril: Nettoyage et cirage de printemps!
     
Mai: la fièvre de l’essaimage
     
Mai/Juin: la petite maison dans la prairie doit être agrandie
     
Juin/Juillet: les ruches sous haute surveillance!
     
Août: on récolte les fruits du labeur
     
Fin Août/début septembre: elles sont aux petits soins
     
Octobre: on ferme
     
 
Février: attention danger!

           Lorsque les beaux jours se succèdent et que la température incite les abeilles à s’ébrouer, c’est alors que le danger guette. Les réserves déjà bien entamées depuis octobre peuvent venir à manquer.
          En soulevant sans brutalité la ruche, on peut estimer l’état des réserves. Cela implique de connaître la masse de cette ruche qui peut varier énormément. L’idéal serait de positionner les ruches sur des balances! Si un nourrissage s’impose, j’utilise du sucre en pâte (sucre candi).

Donner un oeuf pour avoir un boeuf?
un nourrissage s’impose!

          Celui-ci se présente sous forme de blocs de 2,5 Kg emballé dans une poche plastique. Il suffit de faire un trou de 16 Cm2 au milieu d’une face et de retourner ce bloc que l’on déposera sur le tapis couvre cadres (ou les lattes). On fera joindre le trou central ouvert du couvre cadres avec celui fait sur le bloc de sucre candi.
          Le nourrissage précoce est très avantageux en montagne. En effet celui-ci active le démarrage de la ponte par la reine. L’effectif d’ouvrières butineuses sera donc renforcé 40 à 50 jours plus tard, c’est à dire au moment ou la possibilité de récolte est à son apogée ( période de floraison des pissenlits et des arbres fruitiers). La production sera donc nettement améliorée par cette technique sans que la qualité du produit soit affectée.

Mais il y a un inconvénient!

          En effet si l'effectif des ruches n’est pas étroitement surveillé au début du mois de Mai, alors l’essaimage peut se produire: 50 % des abeilles et la «vieille reine» quitte la ruche. Cela fait d’autant moins d’ailes pour la récolte du nectar et le remplissage des corps de hausses.
          Pour pallier à cette infortune ( sauf si l’on veut produire des essaims!) , il suffira de mettre en place une hausse sur le corps de la ruche.

 
Avril: Nettoyage et cirage de printemps!

          Le fond de chaque ruche est déboîté pour être raclé. On en profite pour évaluer la force de la ruche.
          On peut remplacer les vieux cadres (sombres et lourds) par des cadres neufs couverts par une plaque de cire gaufrée que l’on trouvera dans le commerce.

 


Mai: La fièvre de l’essaimage

 

          L'essaimage est à attendre une dizaine de jours après un brusque changement de température. Les essaims sortent toujours entre 11h30 et 14 heures. Il existe une relation entre la pluviomètrie du mois de février et le nombre d'essaims de l'année.

          Je mets en place des ruches vides (dégageant une forte odeur de propolis) et des ruchettes (plus faciles à manipuler) dans un rayon de 200 mètres du rucher. Je place ces habitations dans des endroits ombragés (sous un toit ou un arbuste) en orientant le trou d’envol vers l’est. On peut enduire la planche d’envol et l’intérieur de la ruche avec du parfum d’Aristé ou des phéromones afin d’attirer les éclaireuses.

"L'esquif cherche un môle
L'abeille un vieux saule,
La boussole un pôle,
Moi la vérité"
Victor Hugo
Comment récupérer les essaims?

          Malheureusement, il faut quelques fois récupérer les essaims dans les arbres ou les bâtisses:
       - Dans un arbre: souvent accroché à une branche, il suffit de sectionner le rameau quelques centimètres au dessus de l’essaim et de déposer ce rameau couvert d’abeilles sur une ruche ouverte dont on aura écarté les cadres centraux. Je laisse les abeilles lourdes (car elles se sont gorgées de miel avant de quitter la ruche mère). J’active la fin de la migration avec l’enfumoir afin de refermer la ruche assez rapidement. Dans la foulée, on peut donner 2 à 3 litres de sirop afin d’assurer l’installation définitive de l’essaim dans sa nouvelle demeure.
          Aucune crainte à avoir pour effectuer cette opération. Les abeilles sont à cet instant très douce. Il faut toutefois éviter les gestes brutaux et les secousses de l’essaim qui provoqueraient la chute et la perte d’une partie du groupe. De plus on risque de perdre la reine, ce qui serait fatal à la communauté.
     -  Dans une bâtisse: je mets en place une caisse de récolte ou un sac en toile de jute cerclé le plus près possible et en dessous de l’essaim. Je décroche l’essaim avec une petite pelle ou un autre instrument. Il faut procéder à la fois rapidement et doucement. Les abeilles agitées par l’intervention ont vite fait de vouloir quitter la caisse de réception, avec, encore une fois, le risque de perdre la souveraine. Le couvercle de la caisse de récolte, fermant hermétiquement, permettra le transfert sans embûche. J’ouvre et je renverse lentement la caisse sur le corps d’une ruche vide.
            Il est possible que des ouvrières parties en éclaireuses ou en butineuses (si l’essaim était fixé depuis plusieurs heures) ne retrouvent pas le groupe qui a été déplacé. Elles sont définitivement perdues. 

Truc et astuce!

           Je place une ardoise devant le trou d’envol de la ruche nouvellement colonisé. Cet obstacle disposé obliquement doit laisser passer les butineuses tout en obligeant chacune à se réorienter avant de partir à l’aventure. Si cette précaution n’est pas prise, ces butineuses rejoindront l’emplacement de récolte de l’essaim. Elles seront incapables de retrouver leur groupe. Cela peut remettre en cause la survie de la colonie même si de nouvelles butineuses rentreront en fonction.

 
Mai et Juin: une petite maison dans la prairie qui doit être agrandie

          En montagne, au début du mois de Mai, il faut surveiller l’effectif de chaque colonie et l’état de mise en réserve. Dès que les 4/5 des cadres sont emplis de miel operculé et que la totalité des cadres sont couverts d’abeilles, je décide d’enlever le tapis couvre cadre et je place une hausse. Celle-ci est composée de 10 demi cadres. Il est bien de racler le dessus des cadres du corps de ruche avant de placer la hausse. Cela favorisera le déplacement des abeilles intendantes.

La ruche fait la «barbe»!

          Lorsque la ruche fait la «barbe» (conséquence d’un groupe trop dense qui souffre de la chaleur et du manque d’espace), je mets en place rapidement une hausse (qui peut-être surnuméraire). Cela n’est pas exécuté dans le cas où l’on veut produire des essaims.
          Je surveille la mise en réserve dans le corps de la hausse. Lorsque celui-ci est plein, je place un deuxième corps de hausse. L’idéal serait de l’intercaler entre le corps de la ruche et la hausse pleine. Cela permettra d’économiser les efforts des intendantes et la productivité sera donc améliorée. Mais la masse de la hausse pleine peut rendre l’opération périlleuse. Il faut alors se résoudre à la simple superposition du deuxième étage. Il est certain que la production en sera amputée.

 


Juin/Juillet: Les ruches sous haute surveillance!

          Je récolte les derniers essaims et dispose les corps de hausses là où cette opération s’impose. 

 
Août: on récolte les fruits du labeur

           Je décide de récolter fin juillet/début Août dans les meilleures conditions possibles: beau temps pas trop chaud ni orageux. Eviter de récolter en période de disette, par exemple juste après les fenaisons ou pendant une sécheresse prolongée. Dans ce cas les ouvrières inoccupées seront plus agressives. Les jours de pleine lune sont paraît-il à éviter.
          Il est aussi possible de procéder à deux récoltes: mi Juin et mi Août. Dans ce cas on diminue les conséquences d’un mois de Juillet pluvieux (situation de moins en moins rare!) entraînant une baisse du rendement. En effet la colonie entamera ses réserves de miel dans de telles circonstances.

      " A coeur vaillant, rien d'impossible"

          La récolte est une opération longue et pénible si elle est abondante.
          Pour récupérer les cadres de hausses, on commencera par les ruches réputées douces pour ne pas mettre la pagaille dans le rucher. Il faut préparer l’ensemble du matériel avant toute intervention pour que le travail s’effectue rapidement et dans le calme. Il faut: un lève cadres, un couteau, une caisse de récolte au moins, une brouette pour le transport des caisse vers un lieu sombre et fermé, un enfumoir et bien sur une vareuse pour se protéger.

On fait fumer du tabac aux abeilles!

           On commence par enfumer la ruche par le trou d’envol. Dans l'enfumoir, on peut brûler du carton enroulé et du tabac. Celui-ci augmentera l'effet sédatif de la fumée. On enfume le corps de hausse et on referme pendant une minute afin que les abeilles se gorgent de miel (réflexe de survie) et deviennent ainsi plus lourdes donc moins agressives. On découvre la hausse au fur et à mesure de l’extraction des demi cadres. Après avoir soulevé le demi-cadre, on débarrasse celui-ci des abeilles qu’il porte à l’aide d’une brosse à poils longs et doux ou l’on frappe brutalement le sommet de la hausse (très efficace mais pouvant agiter le groupe). Le demi-cadre garni de miel est disposé rapidement dans la caisse de récolte que l’on referme aussitôt. On n’hésite pas à renouveler l’enfumage dès que le groupe s’agite et émet un bruit caractéristique d’une attaque éminente. 
          Si l'agressivité du groupe est trop importante, il ne faut pas hésiter à remettre la récolte.
          A la fin de l’extraction, on enlève le corps de hausse vide. Celui-ci recevra de nouveau les demi-cadres dans le local de stockage. Le temps nécessaire au transport et au vidage de la caisse de récolte permettra un retour au calme dans le cas où le rucher est agité. On procédera ensuite de la même manière pour les autres ruches.

Une purge avant l'extraction!

          Abandonner les hausses pendant une heure ou deux (par exemple pendant le repas de midi) afin que les quelques abeilles récupérées lors de la récolte cherchent à s’échapper. On ouvrira furtivement la porte du local pour faciliter cette purge.

"Il faut battre le fer pendant qu'il est chaud"

          On procède ensuite à la désoperculation avec un couteau adapté à cette fonction. Un couteau dentelé utilisé comme une scie fera très bien l’affaire. S’il fait chaud et que l’on n’a pas trop attendu avant cette opération, il n’est pas nécessaire de tremper le couteau dans de l’eau chaude. Une griffe permettra de finir le travail dans les coins et les dépressions. Si le demi-cadre est fourni, on procédera à une première centrifugation avant la désoperculation de la deuxième face. Cela évitera la destruction des alvéoles par la force centrifuge.

Pour l'extraction: mets de l'huile...de coude!

 L’extracteur doit-être disposé sur une surface plane et bétonnée. L’idéal est de visser les pieds au sol pour limiter les vibrations pouvant endommager le matériel. On répartira au mieux les cadres dans l’appareil pour équilibrer la charge. Avant de retourner les cadres, on effectuera une rotation dans l’autre sens pour améliorer l’extraction. L’inclinaison des alvéoles justifie cette opération. Dans le cas ou les hausses sont garnies de miellat cristallisé, il est inutile d’insister. L’extraction sera impossible.

Et après l'extraction?

          Les demi-cadres vides sont replacé dans le corps de hausse. Je dispose ceux-ci à l’air libre, à proximité du rucher pendant quelques jours afin que les abeilles lèchent le miel résiduel et que la cire sèche. Cette opération évite les problèmes de moisissures hivernales. Elle présente toutefois des inconvénients: risques de contaminations croisées et excitation des abeilles. Si le temps est lourd et les fleurs rares alors on peut provoquer un pillage généralisé. On peut stocker directement ces hausses dans de vieux congélateurs fermés contenant quelques boules antimites. On évite ainsi les attaques de papillons dont les larves se nourrissent de cire. Il faut savoir que ce produit contaminant la cire (le dichlorobenzène) est cancérigène lorsqu’il est ingéré. 
          Pendant l’hiver, je préfère stocker les hausses dans un local bien ventilé.
          Le miel extrait sera abandonné pendant plusieurs jours dans un maturateur.

"Tout vient à point à qui sait attendre!"

          Ceci permettra l’évaporation d’un éventuel excès d’eau qui nuirait à la conservation. De plus les particules de cire vont remonter à la surface à cause de la différence de densité
          Le miel peut ensuite être mis en pot. Ceux-ci doivent-être d’une propreté irréprochable et ne pas être odorant. Les pots sont ensuite fermés avec soin et stockés dans un local frais et bien ventilé. Cela permettra de préserver les qualités nutritionnelles du produit (vitamines) et évitera la contamination par des molécules volatiles odorantes et/ou toxiques. Je préfère utiliser des pots en verre sachant que c’est un produit recyclable et qu’il ne présente aucun risque toxique contrairement au plastique. Il ne faut jamais oublier que le miel se mange! 
          Pour nettoyer le matériel de récolte, on utilisera de l’eau chaude. 

 
Fin Août/début septembre: aux petits soins!

          Je nourris les abeilles avec du sirop (mélange d’eau et de sucre que l’on chauffe pour faciliter la dissolution). On mettra 6 litres d’eau pour 10 Kg de sucre. On peut rajouter un peu de sel!? La quantité à apporter dépendra de la force de la colonie et de l’état des réserves dans le corps de la ruche. Elle peut varier de 2 litres à 6 litres. Attention aux races allemandes dont les colonies sont souvent très fortes qui ont des besoins supérieurs. Eviter le nourrissage tardif qui stoppera la ponte précocement. La densité de population sera alors insuffisante pour affronter les rigueurs de l’hiver. De plus, si la ruche ne meurt pas pendant l’hiver, son démarrage printanier sera plus laborieux. 

C'est l'ouverture de la chasse contre le varroa!

          En même temps il faut installer des bandes de traitement contre le varroa (acarien parasite des abeilles). Le traitement dure 8 semaines et il faut le répéter au printemps. Mais son efficacité est discutée. Il serait même à l’origine de la mort prématurée de la reine. De plus la matière «active» peut contaminer le miel récolté en particulier si l’on procède à un traitement printanier. Les effets de ce produit sur la santé humaine ne sont évidemment pas connus. Je préfère donc me limiter à un seul traitement automnal!

"La fin justifie les moyens?"

          Dans certains cas, on traite avec des produits destinés aux bovins dont la concentration en matière active (identique) est beaucoup plus élevée. Cela coûte moins cher mais encore une fois on aurait oublié que le miel se mange! L’agriculture biologique propose des produits à base d’essences de thymol. Ceux-ci sont déjà utilisés en Italie et sont à l’essai en France.

 


Octobre: On ferme!

      Pour les ruches qui me semblent faibles, je place un bloc de sucre candi sur la grappe (voir nourrissage de printemps). Cette opération doit se faire sans déranger la colonie et par temps doux. Elle peut être répétée pendant l'hiver en période de redoux. Je dispose plusieurs couches de papier journal sur le corps de la ruche et je limite l’ouverture du trou d’envol. Les courants d’air et l’entrée de rongeurs sont prévenus. L’obturation des trous grillagés destinés à la ventilation est discutée car les abeilles craignent plus l’humidité que le froid. J’incline légèrement vers l’avant les ruches en les calant. Cela permettra d’évacuer l’humidité produite par condensation. 

 

"La fortune vient en dormant?"

          Je place une ardoise inclinée devant le trou d’envol afin d’éviter le réveil de la colonie au moindre rayon de soleil.
 L’ensemble du rucher est recouvert de tôles afin d’augmenter la protection contre les intempéries et en particulier la neige.
 Pendant l’hiver, il ne faut en aucun cas intervenir dans le rucher. Le réveil de la colonie lui serait fatal à cause de la dépense énergétique générée. On occupera l’hiver en s’informant, entretenant le matériel, fabriquant des ruches...
 
 

M Mme Melle
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